1893
Né
à Smilovitchi, Chaïm Soutine est l'avant dernier d'une fratrie de
onze enfants. Sa ville natale est située à vingt kilomètres
de Minsk, en Biélorussie, où résident une nombreuse population
juive, des paysans Russes ou Polonais.Son père, Salomon, est tailleur.
Soutine connaît une enfance pauvre dans son shtetl.
1903-1904
Il
est apprenti tailleur dès lâge de dix ans.
1907
Soutine
suit des cours de dessin à Minsk auprès de l'unique professeur de
la ville, M. Kruger, qui a réussi à convaincre ses parents. Il se
lie d'amitié avec Michel Kikoïne (1892-1968) qui suit le même
enseignement.
1910
Kikoïne,
dans "Mes souvenirs sur mon camarade Soutine" rappelle que son ami fut
victime de l'interdit religieux de la représentation : " Soutine,
ayant fait le portrait d'un vieillard du village, futensuite rossé brutalement
par les fils de ce dernier et le laissant pour mort. (Il sagit en réalité
du boucher du village qui faisait office de rabbin de la communauté, il
a été gravement blessé à la cuisse par un coup de
couteau). La mère de Soutine déposa une plainte contre ses agresseurs
et les accusés furent condamnés à verser la somme de 25 roubles
au plaignant. Cet argent permit à Soutine de partir avec Kikoïne à
Vilnius en 1910 et de sinscrire au cours du professeur Kureger qui, selon
Kikoïne, « garantissait le succès en trois mois ». Un
an plus tard, Soutine demande à êtreadmis à un cours de trois
ans à l'École des beaux-arts. Il échoue une première
fois à l'examen d'entrée, mais obtient lautorisation de repasser
lexamen, cette fois, avec succès
Soutine et Kikoïne se lient
avec Pinchus Krémègne, élève comme eux. Ensemble,
à Vilnius, ils rêvent de Paris. Pour gagner leur vie, Soutine et
Kikoïne travaillent comme retoucheurs chez unphotographe.
1912
Kikoïne
part pour Paris. Krémègne, lui y est déjà depuis plusieurs
mois.
1913
Grâce
à la générosité du Docteur Rafelkess dont Soutine
avait fait la connaissance vers 1912 à Vilnius, son voyage à Paris
est financé. Krémègne emmène Soutine à la Ruche
où il partagera tantôt latelier de Krémègne,
tantôt celui de Kikoïne, il y rencontre Chagall.
Le 9 juin 1913
il est immatriculé au service des étrangers de la Préfecture
de Police de Paris.« J.Lanthemann suppose quavant darriver à
Paris, Soutine serait passé par Berlin, où il serait resté
quelque mois, ce qui permettrait dexpliquer le flottement existant de quelques
mois entourant de la date de son arrivée à Paris. »
Dès
son arrivée, il se rend au Louvre il y retournera régulièrement.
Il est fasciné par Rembrandt, Courbet, Corot, Chardin. Pendant deux, il
est inscrit à Iatelier Cormon, à l'École des beaux-arts
avec Kikoïne, Mané Katz et Léopold Zborowski.
Il travaille
la nuit avec Kikoïne : ils déchargent les fourgons de marée
à la gare Montparnasse, sefont embaucher pour la préparation du
Salon de I'automobile, et font aussi des retouches photographiques chez le père
de I'acteur André Reybaz. À la Ruche, Soutine ressent déjà
des troubles de I'estomac.
1914
Le
4 août, Soutine obtient un permis de séjour dans le quartier Saint-Lambert,
dans le XVe arrondissement de Paris. Il se rend fréquemment chez Kikoïne
qui sest marié et habite une maison au Nord-Est de Paris. Il y peint
de nombreux paysages. Lorsque la Grande Guerre éclate, il se porte volontaire
avec Kikoïne comme beaucoup dautres artistes tel que Kisling, Braque,
Léger etc., mais il sera réformé pour des raisons de santé.
Il s'installe à la Cité Falguière où il partage l'atelier
du sculpteur Miestchaninoff, arrivé à paris en 1907. Il a pour
voisins
les sculpteurs Brummer et Jacques Lipchitz.
1915-1918
À
la Cite Falguière, le sculpteur Biélorusse Jacques Lipchitz le présente
à Amadeo Modigliani qui est « Réformé » pour
des raisons de santé également, c'est le début d'une solide
amitié qui durera jusqu'à l a mort du peintre en 1920. Vivant dans
une grande précarité, ne pouvant louer son propre atelier, il partage
ceux de sescompagnons, tantôt à la Ruche, tantôt à la
Cité Falguière. Il réalise à cette période
une série de Natures mortes.
Modigliani présente Soutine à
Chéron, marchand de tableaux, 58, rue de La Boétie. Chéron
leur achète parfois un tableau pour 40 ou 50 Francs. C'est également
Modigliani qui introduit Soutineauprès de son marchand polonais Léopold
Zborowski, 3, rue Joseph Bara, qui ne comprit pas tout de suite loeuvre
de Soutine.Il rend fréquemment visite aux Kikoïne qui demeurent maintenant
à Clamart, quelquefois accompagné de Modigliani.
En mars 1918,
Paris est frappée par lartillerie allemande, Zborowski, qui a vendu
la totalité de son stock au marchand suédois Jonas Netter, part
avec Modigliani, Soutine, et Foujita pour Cagnes sur-mer.
Soutine séjourne
à Vence avec Modigliani, ils rencontrent Léopold Survage. Soutine
reste dans le midi jusqu'en automne, il réalisera de nombreux paysages
et des natures mortes.
1919-1920
Zborowski
envoie de nouveau Soutine dans le Midi, dans le Roussillon, à Céret,
et dans les Alpes Maritimes, à Cagnes où Modigliani séjourne
régulièrement avec Jeanne Hébuterne, pour soigner sa tuberculose.
Soutine
est très affecté par la mort de Modigliani, survenu le 24 janvier
1920 et par le suicide de sacompagne Jeanne Hébuterne alors quil
est à Cagnes. Soutine vit dans une grande solitude et la précarité
financière, malgré les quelques subsides
envoyés par Zborowski.
Ses
premières peintures en ventes publiques sont achetées par Léon
Zamaron, commissaire depolice à Montparnasse, qui laide également
à obtenir des papiers dimmigration.
À Cagnes, le peintre
Émile Lejeune s'intéresse à sa peinture et lui achète
une dizaine de toiles. Soutine travaille énormément dans le Midi.
Il y peindra de nombreux paysages de Céret, des portraits de femmes et
denfants, des natures mortes, et commence sa série de « Pâtissier
».
Souvent déçu par ses oeuvres, le peintre en renie le
caractère tourmenté et les déformations de ses "motifs".
Il les rachète ou les échange contre dautres de ses toiles,
les détruisant aussitôt.
Au cours de l'été 1920,
Zborowski et sa compagne Anna Sierpowska emmènent Paulette Jourdain Céret
"voir Soutine". Paulette a quatorze ans. Elle est entrée chez
Zborowski environ un an avant la mort de Modigliani, pour lequel elle a posé.
Paulette Jourdain raconte la joie de Soutine d'apprendre la venue de Zborowski
avec lequel il voulut rentrer à Paris. À son retour à Paris,
Soutine
loge de nouveau à la Ruche.
1921-1922
Il
semble toutefois que jusqu'en 1922 il ait effectué des va-et-vient entre
Paris et le Midi. En juin 1921, exposition « Quarante-sept artistes exposent
au Parnasse » au Café Le Parnasse où Soutine prit part et
qui fut organisée par la compagnie ambulante des peintres et sculpteurs
fondés par Serge Romoff et Auguste Clergé.
En juin, exposition
collective à la galerie Devambez «Les pompiers et les modernes »
organisée parle peintre Maurice Loutreuil.
À la fin de 1922,
le monde artistique parisien est en effervescence, lors du passage du docteur
Albert C. Barnes (le collectionneur a fait fortune grâce à son invention
de lantiseptique Argyrol).
Barnes vient à Paris réunir
une collection doeuvres contemporaines destinées à sa future
fondation de Merion, près de Philadelphie.
Plusieurs versions circulent
sur la découverte par le collectionneur de loeuvre de Soutine «
Le Pâtissier au bonnet blanc » exposé en devanture de la galerie
du marchand dart et collectionneur Paul Guillaume qui est conseiller artistique
de Dr Barnes et qui emmène le collectionneur chez Zborowski où il
acquiert de nombreuses toiles de lartiste. Du jour au lendemain la réputation
de Soutine est faite. Une autre version fait de Lipchitz Kisling et Pascin les
instigateurs de la rencontre avec Barnes ( My life in sculpture, J.Lipchitz).
Il en achète 52 et en revend 12 à Paul Guillaume (entre 15 et 30
dollars pièces). Il en revendra 15 à au suisse Kurt Mettler, marchand
de
tableau à Paris. En 1945, il en revend 12 pour faire de lespace
à Georges Keller .
Première rencontre avec Madeleine et Marcellin
Castaing. Madeleine Castaing se souvient qu' à la Rotonde Pierre le peintre
Brune leur conseille d'acheter une toile de Soutine qui ne possédaitaucun
moyen de subsistance quils rencontrèrent dès le lendemain.
Ils deviendront après la mort de Zborowski en 1932 ses mécènes
et marchands.
1923-1924
Janvier
Février : Paul Guillaume organise une exposition dune cinquantaine
doeuvres acquises par le Dr Barnes (Daumier, Van Gogh, Picasso, Matisse,
Soutine) et écrit le premier article consacré à Soutine dans
les Arts à Paris n° 7 Janvier 1923.
Zborowski envoie à nouveau
Soutine à Cagnes. Dans ses lettres adressées à son marchand,
narrivant pas à travailler comme il le veut, Soutine demande à
rentrer à Paris. Pendant deux ans, Soutine vit entre Cagnes et Paris.
Barnes,
de retour aux Etats-Unis, expose du 11 avril au 9 mai ses Soutine dans une exposition
composée de 75 oeuvres « Contemprary European Painting and Sculpture
» à lAcademy of Fine Arts, de Pennsylvanie (Philadelphie).
Soutine
continue ses visites régulières au Louvre, admirant particulièrement
Rembrandt, Courbet, Corot, et est fasciné par la sculpture antique grecque.
Il commence la série des natures mortes à la raie inspirée
de Chardin, des natures mortes à la volaille, aux lapins et surtout des
Boeufs écorchés rappelant la Carcasse de boeuf de Rembrandt. Jusquen
1929, Soutine peint aussi des portraits denfants de choeur, des grooms et
serveurs dhôtel-restaurants.
1924
Zborowski commence
à vendre de manière importante des oeuvres de Soutine, lui assurant
des revenus confortables et élargit le cercle de ses collectionneurs.
Albert
C. Barnes publie un article sur Soutine dans la revue de Paul Guillaume, le Arts
à Paris de novembre.
Au cours de I'année 1924, Soutine a une
brève liaison avec Deborah Melnik quil a connue à Vilnius
et qui posait pour lui à Montparnasse. De cette liaison naît, le
10 juin 1925, une fille, Aimée, que Soutine refusera toujours de reconnaître.
1925-1926
Soutine
loue à Paris un grand atelier (8, rue du Mont Saint-Gothard dans le 14ème)
et un appartement au 35, avenue du Parc Montsouris (aujourdhui avenue René
Coty). Paulette Jourdain pose régulièrement pour lui. Soutine se
rend à Amsterdam pour voir La Fiancée juive de Rembrandt au Rijksmuseum.
Il refera plusieurs fois le voyage au cours de sa vie.
En 1925, les Castaing
acquièrent auprès de Zborowski le Grand enfant de choeur. Soutine
va régulièrement au théâtre et assister aux matchs
de catch.
En 1926, il déménage boulevard Edgar Quinet, puis rue
de lAude.
Soutine séjourne dans la maison louée par Zborowski
dans un petit village d'lndre et Loire, « Le Blanc », sur les bords
de la Creuse. De même, en 1927 Soutine a pour modèle une vieille
comédienne du Théâtre Français Nelly qui l'aide à
améliorer son français.
Waldemar George, lui consacre un article
dans la revue lAmour de lArt.
1927
Soutine
est au Blanc. Il a installé son atelier dans un hangar. Il y réalise
une série de naturesmortes, aux volailles et légumes variés
ramenés du marché. Il peint aussi des paysages, des arbresau bord
de la rivière.
En juin, première exposition particulière
à la Galerie Henri Bing, rue de La Boétie, le galeristeayant convaincu
le peintre hostile aux expositions.
Première exposition de groupe à
New York à la Reinhardt Gallery. La galerie Pierre à Paris présente
des oeuvres de Braque, Derain, Gromaire, Léger, La Fresnaye, Miro, Modigliani,
Pascin, Picasso, Rouault, Soutine, Tchelitchew, de même à la galerie
Percier rue
de la Boëtie (Dufy, Beaudin, Férat, Marcoussis, Modigliani,
Picasso, Rouault, Soutine, Survage).
Bing s'occupe aussi de lui aux côtés
de Zborowski et de Jonas Netter. Soutine lit beaucoup (DostoÏevski, Balzac)
ainsi que des ouvrages de mythologie et de philosophie. Début de sa correspondance
avec Elie Faure. Il continue sa série de maîtres d'hôtel, valets
et employés de maison.
1928
Début
dune solide amitié avec les Castaing, Madeleine Castaing pose pour
lui dans latelier près du parc Montsouris. Le couple l'invite à
Lèves, près de Chartres. Soutine y fera, à la belle saison, des
séjours fréquents jusqu'à la Deuxième Guerre mondiale.
En
septembre, Soutine effectue un premier séjour chez Élie Faure, près
de Bordeaux. Il tombe amoureux de sa fille, origine de sa brouille avec lhistorien
dart.
On peut voir des oeuvres de Soutine chez Barnes, Zborowski, Paul
Guillaume, Bing, Netter, Hessel, Jacques Doucet, les Castaing, et également
dans la collection du commissaire Zamaron, amateur d'art qui à plusieurs
reprises, a aidé Soutine dans ses démarches administratives.
Exposition
collective à la galerie Carmine avec Braque, Chagall, Cocteau, Gromaire,
Kisling, Laprade, Léopold Lévy, Lurçat, Pascin, Picasso,
Savin et Signac.
Première monographie de Soutine par Waldemar George,
dans la collection Les Artistes juifs, éditions Le Triangle, Paris.
Début
de la série des baigneuses.
1929
Publication
dune importante monographie par Elie Faure, aux éditions G. Crès.
Soutine séjourne à Vence, il peint plusieurs versions des "Arbres
de Vence".
Mort de Serge Diaghilev qui projetait un ballet dont les décors
auraient été créés par Soutine, sur une musique d'Hindemith.
La
galerie Bernheim-Jeune inaugure le 25 mai une Exposition de la Collection dArt
contemporain de Paul Guillaume où ses Soutine sont présentés
(Waldemar George rédige un des deux volumes prévus de la collection
du marchand).
Exposition de groupe « Les Portraits de Maria Lani »
organisée par la Galerie Joseph Brummer à New York.
Lorsque survient
la crise économique, Soutine a son atelier passage d'Enfer, communiquant
avec la rue Campagne Première. La crise financière met fin à
la clientèle américaine de Zborowski. Lulcèreà
lestomac de Soutine le gêne de plus en plus, lobligeant à
sarrêter de travailler.
1930-1935
Soutine passe ses
étés chez les Castaing à Lèves près de Chartres
et y rencontre Erik Satie, Jean Cocteau, Elie Faure, Drieu La Rochelle, Maurice
Sachs. Les Castaing le soutiennent financièrement, assurant le soutien
financier que Zborowski, ne peut que difficilement lui procurer.
Exposition
de groupe en mai organisée par la revue « lArt Vivant »,
au théâtre Pigalle. ( 4 oeuvres )
Il réalise à Lèves
une grande partie de sa production. La Femme entrant dans l'eau, La Sieste, L'Enfant
en bleu assis. Il peint à Chartres les deux Cathédrale de Chartres,
la Route des Grands- Prés et Les Escaliers de Chartres. Il peint aussi
des animaux, des personnages et des enfants du village.
Le 24 mars 1932 Zborowski,
meurt alors âgé de quarante-trois ans, à la suite d'une crise
cardiaque, ruiné par la crise économique et par un train de vie
démesuré.
Soutine réserve la priorité de l'ensemble
de sa production aux Castaing qui prennent la relève de Zborowski.
Du
13 au 20 décembre 1935 : première grande exposition monographique
aux Etats-Unis, à I'Art Club de Chicago. ( 20 oeuvres)
1936
Il
rend souvent visite à Max Kaganovitch dans sa galerie du Boulevard Raspail.
Il
habite avenue dOrléans dans un petit hôtel particulier.
Exposition
du 3 au 22 févier à la Valentine Gallery à New York ( 21
oeuvres)
Exposition «Soutine »à la Sullivan Gallery du 24
févier au 15 mars à NewYork (14 oeuvres)
En 1936 les parents
de Soutine reprennent contact avec lui rompu depuis son départ en 1913.
1937-1938
Exposition «Soutine »à la
Sullivan Gallery du 22 mars au 17 avril à NewYork (17 oeuvres).
Exposition
en Avril « Soutine » aux Leicester Galleries à Londres ( 33
oeuvres), préfacée par Maurice Sachs.
Soutine accepte pour la
dernière fois de participer à une exposition. De juin à octobre,
au Musée du Petit Palais, à Paris, dans le cadre de lexposition
"Les Maîtres de l'art indépendant". Sont présentées
douze de ses oeuvres.
Il s'installe au 18, rue La Villa Seurat dans le 14ème
arrondissement, non loin de Dali, Gromaire,Lurçat et de, Chana Orloff,
à laquelle Soutine rend de nombreuses visites. Mort d'Élie Faure.
En
1937, au café du Dôme, il fait la connaissance de Gerda Groth, une
réfugiée allemande Elledevient sa compagne et sinstalle avec
lui à la Villa Seurat. Il la surnomme (« Mlle Garde » ). Il
reçoit souvent dans son atelier les peintres Michonze, Téréchkovitch
et Mansourof. Madeleine Castaing vient régulièrement voir son travail.
Exposition
« Soutine » en novembre à la Storan Gallery à Londres
(12 oeuvres).
1939
En juin
1939, Soutine a pour voisin à la Villa Seurat l'écrivain Henry Miller.
Exposition
monographie du 20 mars au 8 avril à la Valentine Gallery de New York (21
oeuvres).
Au cours de l'été, Soutine et Garde séjournent
dans l'Yonne, dans le petit village de Civry ; il y peint de grands peupliers
et la série des "Enfants sur le chemin du retour de l'école".
Bloqués
en tant que réfugiés à Civry lors de la déclaration
de guerre, ils ne peuvent regagner Parisque grâce à lintervention
dAlbert Sarraut.
Il se rend de temps en temps à Paris pour consulter
le docteur Gosset, un des grands spécialistes. Garde confie à Pierre
Courthion qu'un cancer s'est déclaré à la suite de son ulcère
à l'estomac.
Les Castaing, dont la maison de Lèves a été
réquisitionnée par l'armée allemande, lui rendent de temps
en temps visite à Civry.
Soutine travaille lorsque ses crises le laissent
en paix, tout en continuant de détruire les oeuvres qui ne le satisfont
pas.
1940
A la suite de linvasion allemande, Garde est internée
avec d'autres allemands au camp de Gurs. Elle ne reviendra à Paris qu'en
1943, alors que Soutine est à Champigny, puis seul à Civry. Madeleine
Castaing ouvre son magasin de décoration et d'antiquités à Paris.
Exposition « Soutine » du 15 avril au 11 mai à la
Carrol Carstairs Gallery ( 23 oeuvres).
Ordonnance hitlérienne du 20
octobre 1940 stipulant l'obligation pour tous les juifs de se faire recenser.
Soutine refuse.
Traqué, Soutine doit se cacher. Pour tenter de quitter
la France, il effectue des démarches auprèsde lAmbassade des
Etats-Unis, en France, mais, ses papiers nétant pas en règle,
ses tentatives restèrent vaines. Une autre version rapporte quil
aurait décliner linvitation de ses amis à se rendre aux
Erats-Unis.
1941-1942
En
février, Soutine quitte Civry pour louer une chambre à Paris, dans
un petit hôtel de l'avenued'Orléans.
Madeleine Castaing et Maurice
Sachs lui présentent Marie-Berthe Aurenche, alors séparée
de Max Ernst. Au milieu de l'année 1941, elle devient sa compagne.
Soutine
et sa compagne se cachent à Paris, chez Marcel et Olga Laloé, 26,
rue des Plantes. Au début de l'été, découverts par
le concierge de I'immeuble, ils sont obligés de fuir Paris. Les Laloé
les mettent en relation avec lun de leurs amis, Maire de Richelieu en l'Indre-et-Loire.
Il leur procure de faux papiers et leur trouve un refuge à Champigny-sur-Veude,
doù ils déménagent fréquemment. Soutine continue
de peindre les paysages de la Loire, les animaux de fermes et les enfants.
Le
marchand Louis Carré soccupe désormais de la peinture de Soutine.
1943
Du
17 janvier au 15 février : Exposition à la Phillips Memorial Gallery
de Washington D.C (23oeuvres). Le catalogue comporte un texte de Duncan Phillips.
La
galerie Bignou de New York organise une exposition du 22 mars au 16 avril, (18
oeuvres) Le texte du catalogue est dAlbert C.Barnes. L'état de santé
de Soutine s'aggrave. Au début du mois d'août, à la suite
dune hémorragie, Soutine est transporté en urgence à
I'hôpital de Chinon. Il est transféré à Paris en passant
par plusieurs départements de la zone occupée et est opéré
dès son arrivée mais décède deux jours plus tard,
le 9août.
Il est enterré le 11 août au cimetière
de Montparnasse. Parmi les rares personnes qui suivent le cortège on signale
Max Jacob, Picasso, Jean Cocteau et Gerda Groth.